Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/566

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Son ombre épouvanta votre grand Annibal.
Mais le voici ce bras à Rome si fatal.


Scène III

.
Nicomède, Laodice, Flaminius
.


Nicomède. Ou Rome à ses agents donne un pouvoir bien large,
Ou vous êtes bien long à faire votre charge.

Flaminius. Je sais quel est mon ordre ; et, si j’en sors, ou non,
C’est à d’autres qu’à vous que j’en rendrai raison.

Nicomède. Allez-y donc, de grâce, et laissez à ma flamme
Le bonheur à son tour d’entretenir madame :
Vous avez dans son cœur fait de si grands progrès,
Et vos discours pour elle ont de si grands attraits,
Que, sans de grands efforts, je n’y pourrai détruire
Ce que votre harangue y voulait introduire.

Flaminius. Les malheurs où la plonge une indigne amitié
Me faisaient lui donner un conseil par pitié.

Nicomède. Lui donner de la sorte un conseil charitable,
C’est être ambassadeur et tendre et pitoyable.
Vous a-t-il conseillé beaucoup de lâchetés,
Madame ?

Flaminius. Ah ! c’en est trop, et vous vous emportez.

Laodice. Le Capitole a lieu d’en craindre un coup de maître…

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