Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/593

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Et cède à des raisons que je ne puis forcer :
D’autant plus justement mon impuissance y cède,
Que je vois qu’en leurs mains on livre Nicomède :
Un si grand ennemi leur répond de ma foi.
C’est un lion tout prêt à déchaîner sur moi.

arsinoe. C’est de quoi je voulais vous faire confidence.
Mais vous me ravissez d’avoir cette prudence.
Le temps pourra changer ; cependant prenez soin
D’assurer des jaloux dont vous avez besoin.


Scène II

.


Flaminius, Arsinoé, Attale
.


Arsinoé. Seigneur, c’est remporter une haute victoire
Que de rendre un amant capable de me croire.
J’ai su le ramener aux termes du devoir,
Et sur lui la raison a repris son pouvoir.

Flaminius. Madame, voyez donc si vous serez capable
De rendre également ce peuple raisonnable.
Le mal croît, il est temps d’agir de votre part
Ou, quand vous le voudrez, vous le voudrez trop tard.
Ne vous figurez plus que ce soit le confondre
Que de le laisser faire et ne lui point répondre.
Rome autrefois a vu de ces émotions,
Sans embrasser jamais vos résolutions.
Quand il fallait calmer toute une populace,
Le sénat n’épargnait promesse ni menace,
Et rappelait par là son escadron mutin
Et du mont Quirinal et du mont Aventin,
Dont il l’aurait vu faire une horrible descente,