Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/599

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Vous qui savez son crime, ordonnez de sa peine.

Laodice. Un peu d’abaissement suffit pour une reine ;
C’est déjà trop de voir son dessein avorté.

Arsinoé. Dites, pour châtiment de sa témérité,
Qu’il lui faudrait du front tirer le diadème.

Laodice. Parmi les généreux il n’en va pas de même ;
Ils savent oublier quand ils ont le dessus,
Et ne veulent que voir leurs ennemis confus.

Arsinoé. Ainsi qui peut vous croire aisément se contente.

Laodice. Le ciel ne m’a pas fait l’âme plus violente.

Arsinoé. Soulever des sujets contre leur souverain,
Leur mettre à tous le fer et la flamme en la main,
Jusque dans le palais pousser leur insolence,
Vous appelez cela fort peu de violence ?

Laodice. Nous nous entendons mal, madame, et je le voi ;
Ce que je dis pour vous, vous l’expliquez pour moi.
Je suis hors de souci pour ce qui me regarde ;
Et je viens vous chercher pour vous prendre en ma garde,
Pour ne hasarder pas en vous la majesté
Au manque de respect d’un grand peuple irrité.
Faites venir le roi, rappelez votre Attale,
Que je conserve en eux la dignité royale :
Ce peuple en sa fureur peut les connaître mal.

Arsinoé.