L’avait déjà conduit à cette fausse porte ;
L’ambassadeur de Rome était déjà passé,
Quand dans le sein d’Araspe un poignard enfoncé
Le jette aux pieds du prince. Il s’écrie ; et sa suite
De peur d’un pareil sort, prend aussitôt la fuite.
Arsinoé. Et qui dans cette porte a pu le poignarder ?
Attale. Dix ou douze soldats qui semblaient la garder ;
Et ce prince…
Arsinoé. Ah ! mon fils ! qu’il est partout de traîtres !
Qu’il est peu de sujets fidèles à leurs maîtres !
Mais de qui savez-vous un désastre si grand ?
Attale. Des compagnons d’Araspe, et d’Araspe mourant :
Mais écoutez encor ce qui me désespère.
J’ai couru me ranger auprès du roi mon père ;
Il n’en était plus temps : ce monarque, étonné,
A ses frayeurs déjà s’était abandonné,
Avait pris un esquif pour tâcher de rejoindre
Ce Romain dont l’effroi peut-être n’est pas moindre…
Scène IX
Prusias. Non, non, nous revenons l’un et l’autre en ces lieux
Défendre votre gloire, ou mourir à vos yeux.
Arsinoé. Mourons, mourons, seigneur, et dérobons nos vies