Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/255

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Allons où je n’aurai que vous pour souveraine,
Où vos bras amoureux seront ma seule chaîne[1],
Où l’hymen en triomphe à jamais l’étreindra ;
Et soit de Rome esclave et maître qui voudra[2] !

BÉRÉNICE.

1035Il n’est plus temps : ce nom, si sujet à l’envie,
Ne se quitte jamais, Seigneur, qu’avec la vie ;
Et des nouveaux Césars la tremblante fierté
N’ose faire de grâce à ceux qui l’ont porté :
Qui l’a pris une fois est toujours punissable.
1040Ce fut par là qu’Othon se traita de coupable,
Par là Vitellius mérita le trépas ;
Et vous n’auriez partout qu’assassins sur vos pas.

TITE.

Que faire donc, Madame ?

BÉRÉNICE.

Que faire donc, Madame ?Assurer votre vie ;
Et s’il y faut enfin la main de Domitie…
1045Mais adieu : sur ce point si vous pouvez douter,
Ce n’est pas moi, Seigneur, qu’il en faut consulter.

TITE, à Bérénice qui se retire[3].

Non, Madame ; et dût-il m’en coûter trône et vie,
Vous ne me verrez point épouser Domitie.
Ciel, si vous ne voulez qu’elle règne en ces lieux,
1050Que vous m’êtes cruel de la rendre à mes yeux !

FIN DU TROISIÈME ACTE.
  1. Dans l’édition de 1692 : « feront ma seule chaîne. »
  2. Voyez ci-dessus la Notice, p. 196.
  3. Voltaire (1764) a remplacé « qui se retire, » par « qui sort. »