Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/494

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Scène II.

PACORUS, EURYDICE.
PACORUS.

Quoi ? Madame, venir vous-même à ma rencontre !
Cet excès de bonté que votre cœur me montre…

EURYDICE.

455J’allois chercher Palmis, que j’aime à consoler
Sur un malheur qui presse et ne peut reculer.

PACORUS.

Laissez-moi vous parler d’affaires plus pressées,
Et songez qu’il est temps de m’ouvrir vos pensées :
Vous vous abuseriez à les plus retenir.
460Je vous aime, et demain l’hymen doit nous unir :
M’aimez-vous ?

EURYDICE.

M’aimez-vous ?Oui, seigneur, et ma main vous est sûre.

PACORUS.

C’est peu que de la main, si le cœur en murmure.

EURYDICE.

Quel mal pourroit causer le murmure du mien,
S’il murmuroit si bas qu’aucun n’en apprît rien ?

PACORUS.

465Ah ! Madame, il me faut un aveu plus sincère.

EURYDICE.

Épousez-moi, Seigneur, et laissez-moi me taire :
Un pareil doute offense, et cette liberté
S’attire quelquefois trop de sincérité.

PACORUS.

C’est ce que je demande, et qu’un mot sans contrainte
470Justifie aujourd’hui mon espoir ou ma crainte.
Ah ! si vous connoissiez ce que pour vous je sens !