Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/541

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PALMIS.

1615Je veux que la vengeance aille à son plus haut point :
Les morts les mieux vengés ne ressuscitent point,
Et de tout l’univers la fureur éclatante
En consoleroit mal et la sœur et l’amante.

SURÉNA.

Que faire donc, ma sœur ?

PALMIS.

Que faire donc, ma sœur ?Votre asile est ouvert.

SURÉNA.

Quel asile ?

PALMIS.

1620Quel asile ?L’hymen qui vous vient d’être offert.
Vos jours en sûreté dans les bras de Mandane,
Sans plus rien craindre…

SURÉNA.

Sans plus rien craindre…Et c’est ma sœur qui m’y condamne !
C’est elle qui m’ordonne avec tranquillité
Aux yeux de ma princesse une infidélité !

PALMIS.

1625Lorsque d’aucun espoir notre ardeur n’est suivie,
Doit-on être fidèle aux dépens de sa vie ?
Mais vous ne m’aidez point à le persuader,
Vous qui d’un seul regard pourriez tout décider ?
Madame, ses périls ont-ils de quoi vous plaire ?

EURYDICE.

1630Je crois faire beaucoup, Madame, de me taire ;
Et tandis qu’à mes yeux vous donnez tout mon bien,
C’est tout ce que je puis que de ne dire rien.
Forcez-le, s’il se peut, au nœud que je déteste ;
Je vous laisse en parler, dispensez-moi du reste :
1635Je n’y mets point d’obstacle, et mon esprit confus…
C’est m’expliquer assez : n’exigez rien de plus.