Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/624

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Souvent même l’esprit de ces pèlerinages
n’est qu’un chatouillement de curiosité,
et l’attrait qu’a toujours en soi la nouveauté
vers ce qu’on n’a point vu tire ainsi les courages.
Quand un motif si vain les pousse et les conduit,
le travail le plus long rapporte peu de fruit,
et ne laisse rien qui corrige,
surtout en ces esprits follement empressés,
qu’une ardeur trop légère à ces courses oblige,
sans aucun saint retour sur leurs crimes passés.

Mais en ce sacrement ton auguste présence,
véritable Homme-Dieu, rend le fruit assuré,
toutes les fois qu’un cœur dignement préparé
y porte ferveur pleine et pleine révérence.
Il n’y va point aussi ni par légèreté,
ni par démangeaison de curiosité,
ni par autre sensible amorce :
tout ce qui l’y conduit, c’est une ferme foi,
c’est d’un solide espoir l’inébranlable force,
c’est un ardent amour qui n’a d’objet que toi.

De la terre et du ciel créateur invisible,
que grande est la bonté que tu montres pour nous !
Que ton ordre aux élus est favorable et doux,
de leur offrir pour mets ton corps incorruptible !