Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/263

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

son arrivée à Paris, venant d’un homme qui ne pouvoit sentir que la rudesse de son pays, et tellement inconnu qu’il étoit avantageux d’en taire le nom ; quand je me souviens, dis-je, que ses trois premières représentations ensemble n’eurent point tant d’affluence que la moindre de celles qui les suivirent dans le même hiver, je ne puis rapporter de si foibles commencements qu’au loisir qu’il falloit au monde pour apprendre que vous en faisiez état 2, ni des progrès si peu attendus qu’à votre approbation, que chacun se croyoit obligé de suivre après l’avoir sue 3. C’est de là, Monsieur, qu’est venu tout le bonheur de Mélite ; et quelques hauts effets qu’elle ait produits depuis, celui dont je me tiens le plus glorieux, c’est l’honneur d’être connu de vous, et de vous pouvoir souvent assurer de bouche que je serai toute ma vie,
MONSIEUR,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

CORNEILLE4.


――――――


AU LECTEUR.


Je sais bien que l’impression d’une pièce en affoiblit la réputation : la publier, c’est l’avilir ; et même il s’y rencontre un particulier désavantage pour moi, vu que ma façon d’écrire étant simple et familière, la lecture fera prendre mes naïvetés pour des bassesses. Aussi beaucoup de mes amis m’ont toujours conseillé de ne rien mettre

2. Var. (édit. de 1657) : que vous en fassiez état.

3. Les mots « après l’avoir sue, » et cinq lignes plus bas « de bouche, » manquent dans l’édition de 1648.

4. L’Épître à Monsieur de Liancour se trouve dans toutes les éditions antérieures à 1660 ; les deux pièces suivantes, l’avis Au lecteur et l’Argument, ne sont que dans celle de 1633.