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ÉRASTE.381


Donnez à leurs souhaits, donnez à leurs prières,
Donnez à leurs raisons ces faveurs singulières ;
Et pour faire aujourd’hui le bonheur d’un amant 382,
Laissez-les disposer de votre sentiment.


CLORIS.383


En vain en ta faveur chacun me sollicite,
J’en croirai seulement la mère de Mélite :
Son avis m’ôtera la peur du repentir 384,
Et ton mérite alors m’y fera consentir.


TIRCIS.


Entrons donc ; et tandis que nous irons le prendre,
Nourrice, va t’offrir pour maîtresse à Philandre 385.


LA NOURRICE.
(Tous rentrent, et elle demeure seule 386.)


Là, là, n’en riez point : autrefois en mon temps
D’aussi beaux fils que vous étoient assez contents,
Et croyoient de leur peine avoir trop de salaire
Quand je quittois un peu mon dédain ordinaire.
À leur compte, mes yeux étoient de vrais soleils
Qui répandoient partout des rayons nompareils ;
Je n’avois rien en moi qui ne fût un miracle ;
Un seul mot de ma part leur étoit un oracle…
Mais je parle à moi seule. Amoureux, qu’est-ce-ci ?
Vous êtes bien hâtés de me laisser ainsi 387 !


381. Var. éraste, à Cloris. (1648)

382. Var. Et dans un point où gît tout mon contentement.
Comme partout ailleurs, suivez leur jugement. (1633-57)

383. Var. cloris, à Éraste. (1648)

384. Var. Ayant eu son avis, sans craindre un repentir.
Ton mérite et sa foi m’y feront consentir. (1633-57)

385. Var. Nourrice, va t’offrir pour nourrice à Philandre. (1633)

386. Cette indication manque dans les éditions de 1633-60.

387. Var. Vous êtes bien pressés de me laisser ainsi. (1633-48)
Var. Vous êtes bien hâtés de me quitter ainsi. (1664 et 68)