Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SUR PIERRE CORNEILLE. lv

diens du Marais, et se montra satisfait du demi-succès qu'elle obtint 1. Il l'avait lue plusieurs fois avant la représentation à des auditeurs de son choix. 11 s'était fait une habitude de ces lectures. Les gens de qualité tenaient à grand honneur d'être consultés par lui, et en 1661 Molière nous présente un de ses Fâcheux s'écriant :

Je sais par quelles lois un ouvrage est parfait, Et Corneille me vient lire tout ce qu'il fait.

{Les Fâcheux, acte I, scène i, vers 53 et 54.)

En 1674, de nouveaux malheurs de famille vinrent assaillir le poète: son vaillant fds, qui en 1667 était revenu blessé du siège de Douai, fut frappé mortellement au siège de Grave, à la tête de la compagnie qu'il commandait en qualité de lieu- tenant de cavalerie. Son pauvre père ne travailla plus guère à partir de ce nouveau deuil. Il termina sa carrière dramatique à la fin de l'année par Suréna -, et n'écrivit plus que quelques petits poèmes officiels ou des suppliques en vers ou en prose.

Deux de ces pièces sont surtout intéressantes.

D'abord un placet, par lequel Corneille rappelle à Louis XIV la promesse qu'il lui a faite depuis quatre ans d'un bénéfice pour Thomas Corneille, son quatrième fils, et qu'il termine si hardiment en lui disant :

Qu'un grand roi ne promet que ce qu'il veut tenir 3.

Ce placet, qu'on était tenté de regarder comme une boutade qui, au lieu d'avoir été adressée au Roi, était demeurée renfermée dans le portefeuille du poète, ou n'avait du moins circulé que dans un petit cercle d'amis ; ce placet, que Gra- net croyait publier pour la première fois d'après un ma- nuscrit, nous l'avons trouvé, non sans étonnement, imprimé en 1677 dans le Mercure, un an ou deux à peine après le mo- ment où il fut écrit. C'est là un curieux témoignage à joindre à ceux qu'une étude attentive permettrait aujourd'hui de réunir sur les libertés littéraires du siècle de Louis XIV.

Ensuite cette belle et touchante épître yl « i?oi, qui est comme

I. Voyez tome VII, p. 878. — 3. Tome VII, p. ^55. 3. Tome X, p. 3o8.

�� �