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Lviii NOTICE BIOGRAPHIQUE

Son dénûment ne fit que s'accroître à l'approche de ses der- niers moments, et Boileau indigné alla chez le Roi pour faire rétablir la pension de Corneille, et offrit le sacrifice de la sienne. « Action très-véritable, dit Louis Racine, que m'a ra- contée un témoin encore vivant ; on a eu tort de la révoquer en doute, puisque Boursault, qui ne devoit pas être disposé à le louer, la rapporte dans ses lettres'. » Le Roi envoya im- médiatement deux cents louis ; ce fut la Chapelle, parent de Boileau, qui fut chargé de les porter. Le P. Tournemine, qui met en doute l'exactitude de tout ce récit, convient toute- fois de cette circonstance^. Ce secours avait été bien tardif; l'illustre poëte expira peu de jours après l'avoir reçu^. Il mourut dans la nuit du 3o septembre au i""" octobre i684*.

« Comme c'est ime loi dans cette Académie Q'Acadénne française), dit Fontenelle, que le directeur fait les frais d'un service pour ceux qui meurent sous son directorat, il y eut une contestation de générosité entre M. Racine et M. l'abbé de Lavaujà qui feroit le service de M. Corneille, parce qu'il parois- soit incertain sous le directorat duquel il étoit mort. La chose ayant été remise au jugement de la Compagnie, M. l'abbé de Lavau l'emporta, et M. de Benserade dit à M. Racine: « Si « quelqu'un pouvoit prétendre à enterrer M. Corneille, c'étoit « vous : vous ne l'avez pourtant pas fait ". »

Ce à quoi il pouvait prétendre à plus juste titre et ce qu'il obtint, ce fut l'honneur de louer dignement son illustre rival. Lorsque, le 2 janvier 1680, Thomas Corneille, élu à l'unanimité à la place que son frère laissait vacante à l'Académie française, eut prononcé son discours de réception, ce fut Racine qui lui répondit. 11 sut faire de son illustre prédécesseur un portrait

I. Mémoires sur la Vie de Jean Racine, dans les Œuvres de Racine publiées par M. Mesnard, tome I, p. aôô. — Boursault rapporte le fait à la page ^65 des Lettres nouvelles.

1. Défense flu grand Corneille en tôte des Œuvres diverses de P. Cor- neille (Paris, 1788, in-ia), p. xxxii et xxxni.

3. Mercure ij a lant, octobre i684, p- 179.

4. Voyez Républifjue des lettres, janvier i685, p 33; et ci-après, Pièces justificatives, n" XVI.

5. Œuvres de Fonlenollo, tome III, p. I30.

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