Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 2.djvu/74

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Mais je n’attendais pas tant de submissions.
Jamais le désespoir qui saisit son courage
N’en put tirer un mot à mon désavantage ;
Il tenait mes dédains encor trop précieux,
Et ses reproches même étaient officieux.
Aussi ce grand amour a rallumé ma flamme :
Le change n’a plus rien qui chatouille mon âme ;
Il n’a plus de douceur pour mon esprit flottant,
Aussi ferme à présent qu’il le croit inconstant.

Florice.

Quoi que vous ayez vu de sa persévérance,
N’en prenez pas encore une entière assurance.
L’espoir de vous fléchir a pu le premier jour
Jeter sur son dépit ces beaux dehors d’amour ;
Mais vous verrez bientôt que pour qui le méprise
Toute légèreté lui semblera permise.
J’ai vu des amoureux de toutes les façons.

Hippolyte.

Cette bizarre humeur n’est jamais sans soupçons.
L’avantage qu’elle a d’un peu d’expérience
Tient éternellement son âme en défiance ;
Mais ce qu’elle te dit ne vaut pas l’écouter.

Célidée.

Et je ne suis pas fille à m’en épouvanter.
Je veux que ma rigueur à tes yeux continue,
Et lors sa fermeté te sera mieux connue ;
Tu ne verras des traits que d’un amour si fort,
Que Florice elle-même avouera qu’elle a tort.

Hippolyte.

Ce sera trop longtemps lui paraître cruelle.