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��ACTE I, SCÈNE V 229

Je cherche à m"assiirer cehii do Bilhynie,

Et si ce diadème une fois est à nous,

Que cette reine après se choisisse un époux. 350

Je ne la vais presser que pour la voir rebelle,

Que pour aigrir les cœurs de son amant et d'elle.

Le Roi, que le Romain poussera vivement,

De peur d'offenser Rome agira chaudement,

Et ce prince, piqué d'une juste colère, 3oo

S'emportera sans doute, et bravera son père.

S'il est prompt et bouillant, le Roi ne l'est pas moins;

Et comme à léchaulfer j'appliquerai mes soins,

Pour peu qu'à de tels coups cet amant soit sensible.

Mon entreprise est sûre, et sa perte infaillible.

Voilà mon cœur ouvert, et tout ce qu'il prétend. Mais dans mon cabinet Flaminius m'attend : Allons, et garde bien le secret de la Reine.

340. \ar. Et si ce (tiad^mo une fois est pour non?... (lfiôl-o6.)

354. Il Chaudement, cpt a<lverbe est proscrit du style noble. » , VoU:iire.) A on-o de proscriptions, ou finirait par dépeupler la langue des mots les plus expressifs. Celui-ci, que Vaugelas employait sans scrupule, appliqué à Prusias, toujours faible et irrésolu, est bien significatif : c'est la peur d'offenser Rome qui, seule, pourra décider Prusias ù cette intervention chaleureuse.

3.Ï0. Au V. 305. on a déjà vu piqué employé dans un sens analogue. Ce mot, dont l'énergie s'est affaiblie depuis, était alors employé dans toute sa force, non seulement par les tragiques, mais par les prédicateurs : « Piqué d'une noble houle el d'une juste indignation... " (Bossuet, Panégyrique de saint Pierre.) » L'ambi- tion est une noblesse d'âme, et c'est n'avoir point d'honneur que de ne se sentir pns piqué d'une si belle passion. » (Bourdaloue, Sermon sur le reniement de saint Pierre.)

357. Lekaia remplace ce vers par cet autre, qu'il met entre parenthèses :

(Tout respect doit céder en ces pressants besoins.) Voici la raison spécieuse qu'il donne de cette correction si froide : « il me pa- raît que Corneille se trouve en contradiction avec lui-même dans la peinture suc- cincte qu'il fait ici du caractère de Nicomede et de celui de Prusias ; car il n'y a. point de modèle dans aucun poème tragique d'un persifleur aussi froid et aussi tranquille que celui qu'il offre dans la personne de son héros, et de personnage plus doux et plus irrésolu que le roi de Bithynie. » En apparence, Lckain a rai- son ; il commet pourtant une double erreur sur les deux caractères de Nicomede et de Prusias : Nicomede n'est pas un persilleur froid et tranquille; son ironie n'est que le voile léger d'une colère contenue et d'un mépris qui sait se maîtri- ser. Prusias est plus faible que doux, et les hommes faibles, c'est La Rochefou- cauld qui nous l'apprend, sont toujours agités des passions qu'ils ne peuvent dominer. C'est précisément quand on est faible et qu'on a peur qu'on est le plus facilement violent : on le verra bien à la scène 5 de l'acte V, alors que, dans son effarement, Prusias sa portera aux résolutions extrêmes.

361. Et tout ce qui! prétend, et tout ce qu'il prétend réaliser; voilà toutes ses ambitions. Vovez la note du v. 343 .

363. Il De <a Reine », donne l'édition de 1602. — « Il est clair que Flaminius attend la reine, qu'elle a les plus grands intérêts du monde de hâter son entretien avec lui. Nicomede est arrive ; il va trouver le roi ; il n'y a pas un moment à per- dre; cependant elle s'arrête pour détailler inutilement à Cléone des projets qui

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