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ACTE III, SCENE Vil 277

nicomèdf:. Peut-on savoir de vous ces deux mots importants?

ARASPE.

Seigneur, le Roi s'ennuie, et vous tardez longtemps.

ARSl.XOÉ.

Vous les saurez de lui : c'est trop le faire attendre.

NIC0Mt:DE.

Je commence, Madame, enfin à vous entendre : 1060

Son amour conjugal, ciiassant le paternel, Vous fera l'innocente, et moi le criminel. Mais...

ARSIN'OÉ.

Achevez, Seigneur : ce mais, que veut-il dire?

NICOMÈDE.

Deux mots de vérité qui font que je respire,

ARSINOÉ.

Peut-on savoir de vous ces deux mots importants? 1065

NICOMÈDE.

Vous les saurez du Roi; je tarde trop longtemps.

1058. « Le roi s'ennuie, expression d'autant plus dangereuse qu'elle remémore au public l'ennui efTeLtif que cause la présence de Prusias. » (Lekain.) Nous avouons ne pas bien comprendre le sens et la portée de cette critique. On peut seulement s'étonner, avec Voltaire, qu'Araspe, un simple offlcier, parle d'une manière si pressante à un prince tel que Nicomède. — Ce vers, dune familiarité hardie, rappelle le début A' Attila :

Ils ne sont pas venus, nos deux rois? qu'on leur die Qu'ils se font trop attendre, el qu'Attila s'enmiie.

Dans les deux exemples, s'ennuyer n. le sens de s'impatienter.

1U62. Dans le théâtre de Corneille, faire est souvent employé pour rendre : Ils me font méprisable alors qu'ils me font reine. {Pompée, 1298.)

10G3. Corneille avait déjà pris substantivement mais au v. 285; voyez la va- riante. Mais il l'y a supprimé. Il est ;\ peine besoin de dire que ce mais semble « intolérable » à Voltaire, et il faut avouer qu'on est ici en pleine comédie, sans d'ailleurs s'en inquiéter outre mesure.

1066. Remarquez que, dans cette fln de scène, les vers s'opposent symétrique- ment aux vers; le vers 1064 répète en le modifiant le v. 1030 ; le v. 1063 reproduit purement et sim|)lement le v. 1037 ; enfin, dans le v. 1066, Nicomède renvoie iro- niquement à.\rsinoé les v. 1058 et 1039 qu'Arusjie et Arsinoélui adressaient. Cor- neille aime ces antithèses et ces refrains, qui et lient à la mode dans la première partie du ïvii" siècle. — Il y a ici, dit M. Marly-Laveaux, comme un souvenir du

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