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ACTE IV, SCÈNE I 283

Quel besoin que ces pleurs prennent votre défense ?

Douté-je de son crime ou de votre innocence ?

Et reconnaissez-vous que tout ce qu'il m"a dit

Par quelque impression ébranle mon esprit? 1130

ARSINOÉ.

Ah ! Seigneur, est-il rien qui répare l'injure

Que fait à l'innocence un moment d'imposture?

Et peut-on voir mensonge assez tôt avorté

Pour rendre à la vertu toute sa pureté ?

Il en reste toujours quelque indigne mémoire H3j

Qui porte une souillure à la plus liaute gloire.

Combien en votre cour est-il de médisants ?

Combien le Prince a-t-il d'aveugles partisans,

Qui, sachant une fois qu'on m'a calomniée,

Croiront que votre amour m'a seul justiliée ? 1140

Et si la moindre tache en demeure en mon nom,

Si le moindre du peuple en conserve un soupçon,

Suis-je digne de vous? et de telles alarmes

Touchent-elles trop peu pour mériter mes larmes ?

��Ah! c'est trop de scrupule, et trop nud présunu'r 114.")

D'un mari qui vous aime et qui vous doit aimer.

1134. Pour rendre, constriu-tion h.irdie, car grammaticalement mensonye d»'- vrait f'tre le suiet de rendre : pour que ce mensonge rende...; mais logiquement il ne peut l'être. Le sujet logique, c'est le mot avoriemcnt, dont l'idée est conte- nue, au vers 113'}, dans les mots de mensonge avorté, et qui est sons-entemlu au V. 1135 : pour que l'avortement de ce mensonge rende toute sa pureté à la vertu. La construction régulière en prose serait donc : l'avortement d'un mensonge peut-iijamais être assez prompt pour rendre... c'est-à-dire pour ne laisser aucune trace, pour permettre à la vertu outragée de reprendre sa pureté première ? Qui ne connaît le mot de Beaumarchais : « Calomniez, calomniez, il en reste toujours quelque chose »?

1 136. M. Géruzez cite VEpitre aux Muses, de J.-B. Rousseau :

La plaie est faite, et, quoiqu'il en guérisse, On en verra toujours la cii-atric.e. 11-ii. Var. Que si la moindre tache en demouie à mon nom. (lGol-ii6.)

ii42. Le moindre pouvait et peut encore être substmtif :

Vous pourrez faire part au moindre de Ca^tillc. {Don Sancltc, t'i'i.)

On s'illustre à braver qn lâche i-onquéjanl.

Et le moindre du peuple en devient le plus grand. (V. Hugo.)

D'Aubignac a dit aussi en prose [Pratique du théâtre, 111, t) : u. Le moindre du peuple. »

1 1 14. De telles alarmes touchent-elles trop peu, la. honte de tels soupçons n'est- f lle|ias assez pénible pour m'arracher des pleurs? L'expression est un peu vague ; Lekain corrige, mais assez platement :

Oh! de telles alarmes iSe m'aftligeut que trop et ni'arracbent des larmes.

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