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290 NICOMÈDE

NICOMÈDE.

M'en purger! moi, Seigneur! vous ne le croyez pas! Vous ne savez que trop qu'un homme de ma sorte, Quand il se rend coupable, un peu plus haut se porte. Qu'il lui faut un grand crime à tenter son devoir, 1245

Où sa gloire se sauve à l'ombre du pouvoir.

Soulever votre peuple, et jeter votre armée Dedans les intérêts d'une reine opprimée ; Venir, le bras levé, la tirer de vos mains. Malgré l'amour d'Attale et l'etTort des Romains, 1250

Et fondre en vos pays contre leur tyrannie Avec tous vos soldats et toute l'Arménie, C'est ce que pourrait faire un homme tel que moi, S'il pouvait se résoudre à vous manquer de foi. La fourbe n'est le jeu que des petites âmes, 1255

Et c'est là proprement le partage des femmes.

124Î. Vous ne le croyez pis, vous ne croyez pas que je songe à m'en justi- fier, et non point : vous ne croyez pas à ce forfait. Si l'on acceptait cette der- nière interprétation, le cri de Nicomède perdraittoute sa fière beauté. — » Ce vers est beau, noble, convenable au caractère et à la situation. » (Voltaire.) « Ce vers est si beau, que Voltaire s'en est ressouvenu dans Œdipe, en faisant dire par Philoctète à Joeaste :

• Qui? moi, de tels forfaits? moi, îles assassinats?

« El que de votre épou.x... Vous ne le croyez pas? » (Palissot.)

1243. A tenter, pour tenter; sur cette acception de à, voyez la note du v. 46 Lekain propose :

El que, s'il s'affrancliil des règles du devoir. C'est pour mettre son ciime à l'ombre du pouvoir.

Pourquoi cette correction prosaïque? Parce que Lekain voit un « barbarisme complet 1 dans une tournure française et très usitée au xvii° siècle. tî46. Var. Oi'i sa gloire se sauve à l'ombre de pouvoir. (16âl-56.)

Bien des maximes, dans le théâtre contemporain de Corneille, pourraient ser- vir de commentaire à ces vers, ou Nicomède professe une morale politique un peu facile :

Un dessein glorieux est toujours légitime,... Et qui n'ose commettre un crime qui couronne Observe à ses dépens une lâche verln.

(Kolrou, Innocente Infidélité, IV, 1.) Tons les crimes sont beaux dont nii trône est le prix. (Ibid., 1. 2.) . . . Les événemenls ont fait des crimes beaux. (CJéagénor, IV, 1.) A loat prix un grand c^Tur aclu'de nn grand crédit. El toal crime est permis quand il nous agian lil. (Bélisaire, II, B.) 1Î48. Sur dedans employé comme préposition, voyez la note du v. 283. 1^33. Un homme tel quemai ; cela est un peu bien superbe. C'est ainsi que par- lait, dans le Cid, le fastueux don Germas. A de certains moments, Nicomède élève un peu trop la vois.

liôô. Sur fottrbe pour fourberie, voyez la note du v. 201. Z^ jeu, le procédé où se complaisent les petites âmes, leur ressource familière. %236. « Ce vers, quoique indirectement adressé ii .\.rsinoé, n'est-il pas un trait

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