Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/417

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SUR SERTORIUS 405

il ne semble pas qu'il lui fasse uu bieu douloureux sacrifice. Quoi qu'il eu soit, il ne doit plus, il ne veut plus songer qu'à la Romaine Aristie. Mais Aristie ne lui cache pas qu'elle aime encore Pompée.

��On a peine à haïr ce qu'on a bien aimé. Et le leu mal éteint est bientôt rallumé,

��L'ingrat, par son divorce en faveur d'Emilie,

M'a livrée au mépris de toute l'Italie.

Vous savez à quel point mon courage est blessé :

Mais s'il se dédisait d'un outrage forcé,

S'il chassait Emilie et me rendait ma place.

J'aurais peine, Seigueur, à lui refuser grâce;

Et, tant que je serai maîtresse de ma foi.

Je me dois toute à lui, s'il revient tout à moi.

��En vain donc je me flatte; en vain j'ose, Madame, Promettre à mon espoir quelque part en votre âme; Pompée en est encor l'unique souverain. Tous vos ressentiments n'otfrent que votre main; Et, quand par ses refus j'aurai droit d'y prétendre. Le cœur, toujours à lui, ne voudra pas se rendre.

��Qu'importe de mon cœur, si je sais mon devoir, Et si mon hyméuée enfle votre pouvoir? Vous ravaleriez-vous jusques à la bassesse D'exiger de ce cœur des marques de tendresse, Et de les préférer à ce qu'il fait d'efl'ort Pour braver mon tyran et relever mon sort? Laissons, Seigneur, laissons pour les petites âmes Ce commerce^rampant de soupirs et de flammes; Et ne nous unissons que pour mieux soutenir La liberté que Rome est prête à voir finir. Unissons ma vengeance à votre politique. Pour sauver des abois toute la république : L'hymen seul peut unir des intérêts si grands. Je sais que c'est beaucoup que ce que je prétends; Mais, dans ce dur exil que mon tyran m'impose, Le rebut de Pompée est encor quelque chose; Et j'ai des sentiments trop nobles ou-trop vains Pour le porter ailleurs qu'au plus grand des Romains. Si vous vouliez ma main par choix de ma personne, Je vous dirais, Seigneur : <c Prenez, je vous la donne; Quoi que veuille Pompée, il le voudra trop tard. » Mais, comme en cet hymen l'amour n'a point de part.

�� �