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SUR SERTORIUS 427

nol et très ôtucli('. Ce traître, comme les guerres civiles en voient tant surgir, àme bassement jalouse, d'une jalousie ambitieuse qu'aigrit encore une jalousie d'amour, ce subordonné que l'obéis- sance humilie, a des scrupules et des remords. En flattant son amour, c'est-à-dire son orgueil, Sertorius le désarme un moment ; déçu, il frappe Sertorius, mais après avoir frappé, mal assuré encore dans le crime, il essaye d'étouffer ses remords à force de nouveaux attentats.

Tout cela n'est pas assurément dans l'histoire. Si donc on estime surtout la part de l'histoire dans Sertoituf!, on doit reconnaître que la part de l'invention n'est pas à dédaigner. G'est le point de départ qui est mal choisi ; mais entre le point de départ et le point d'arrivée la route est longue, et sur la route, que d'occasions d'ad- mirer! que de sujets pour l'àme d'être fortifiée, pour la raison d'être satisfaite !

Réunissons dans une même analyse les deux parts que nous avions disjointes, nous saisirons mieux l'unité de l'ensemble.

Acte I. — Perpenna, lieutenant de Sertorius, est jaloux de son général, qui lui enlève et la première place dans l'armée et l'amour de Viriate, reine de Lusifauie. Il est encouragé au crime parAuhde: mais il hésite, ne sachant si le meurtre de Sertorius ne profitera pas plus à Pompée qu'à lui. Sertorius, qui survient, annonce que Pompée lui a demandé une entrevue, peut-être pour revoir .Vristie. sa femme répudiée, qui vient d'offrir à Sertorius lui-même, avec sa main, l'alliance des plus illustres familles de Rome. D'autre part, 'S'iriate aime Sertorius, qui, la voyant aimée de Perpenna, s'engage à s'effacer devant sou lieutenant et à parler même pour lui à la reine. Rejeté ainsi du côté d'Aristie, Ser- torius s'aperçoit qu'elle aime encore Pompée. 11 ne peut donc épouser ni Viriate, puisqu'il l'a promise à Perpenna, ni Aristie, puisqu'elle ne songe qu'à son mari, brutalement séparé d'elle par Sylla tout-puissant.

Acte H. — La reine Viriate explique ses projets à Thamii*e, sa confidente, et définit la nature de son amour pour Sertorius. C'est le soldat glorieux qu'elle aime, et elle l'aime parce qu'elle l'admire, parce qu'elle a besoin de son bras pour l'aider à mainte- nir l'indépendance de l'Espagne. Ces ambitieuses espérances sont dissipées par Sei'torius lui-même, qui vient, selon sa promesse, solliciter la main de la reine pour son lieutenant. Viriate s'indigne, puis semble se résigner, appelle Perpenna, et exige de lui, comme

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