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OTHON

TRAGÉDIE*

(1664)

TACITE ET CORNEILLE

« Si mes amis ne me trompent, cette pièce égale ou passe la meilleure des miennes. Quantité de suifrages illustres et solides se sont déclarés pour elle ; et si j'ose y mêler le mien, je vous dirai que vous y trouverez quelque justesse dans la conduite, et un peu de bon sens dans le raisonnement. Quant aux vers, on n'en a point vu de moi que j'aye travaillés avec plus de soin. Le sujet est tiré de Tacite, qui commence ses Histoires par celle-ci ; et je n'en ai mis aucune sur le théâtre à qui j'aye gardé plus de fidélité, et prêté plus d'invention. Les caractères de ceus que j'y fais parler y sont les mêmes que chez cet incomparable auteur, que j'ai traduit tant qu'il m'a été possible 2. »

On peut tirer de Tacite un Britannicus aussi bien qu'un Othon; mais s'appliquer à le « traduire » autant qu'il est possible est d'un scrupule vraiment excessif. C'est s'exposer à ce qu'un historien, trop enthousiaste de votre exactitude historique, fasse de votre tragédie cet éloge compromettant : « L'œuvre de Corneille nous offre, comme toujours, bien plutôt un fidèle miroir de l'époque que le tissu d'une intrigue habilement composée par un artisan dra- matique 3. » C'est, au contraire, courir au-devant des critiques de ceux qui vont chercher au théâtre une émotion dramatique et non une leçon d'histoire, de ceux qui disaient, avec cette méchante

1. Paris, chez Guillaume de Luyne, 1665, in-12,

2. Au lecteur.

3. Desjardins, le grand Corneille historien,