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SUR OTHON 477

Mais tout n'est pas désespéré : en écoutant l'amour de Martian, Plautine pourra donner l'Empire à Othon et se sacrifier une se- conde fois pour sa gloire. En vain Othon s'indigne à la seule idée d'un tel compromis; avec une énergie trop peu féminine, Plau- tine le place en face de cette alternative : » Donnez-vous à Camille, ou je me donne à Martian. » L'action n'avancerait guère et abou- tirait même à une sorte d'impasse, si Vinius n'interrompait lirus- quement le cours de ces inutiles doléances :

L'armée a vu Pison, mais avec un miu'niure

Qui semblait mal goûter ce qu'on vous fait d'injure.

Galba ne l'a produit qu'avec sévérité.

Sans faire aucun espoir de libéralité.

L pouvait, sous l'aiipàt d'une feinte promesse,

Jeter dans les soldats un moment d'allégresse;

Mais il a mieux aimé hautement protester

Qu'il savait les choisir et non les acheter.

Tout ce récit de 'Vinius est du pur Tacite, et la traduction du poète n'est pas inférieure au texte de l'histoire. Mécontents, les soldats ont fait courir le nom d'Olhon de rang en rang; ils s'ofl'reut à lui et ne demandent qu'un chef. Vinius leur envoie Othon, et abrège ses adieux : car Othon ne sait pas agir sans parler. Bien plus habile et résolu, Vinius a pris d'avance ses précautions contre les deux partis : si Othon triomphe, Plautine règne avec lui; si Pison est le vainqueur, Plautine épousera Pison; Galba, irrité de l'obstination de Camille, a consenti à cette alliance qui réunira les triumvirs. Un curieux débat s'engage entre la tille, qui comprend mal ces calculs prudents, et le père, qui la raille de son ingénuité.

��Non, Seigneur; nous aurons même sort aujourd'hui;

Vous me verrez régner ou périr avec lui :

Ce n'est qu'à l'un des deux que tout ce cœur aspire.

��Que tu vois mal encor ce que c'est que l'Empire! Si deux jours seulement tu pouvais 1,'essayer, Tu ne croirais jamais le pouvoir trop payer; Et tu verrais périr mille amants avec joi'\ S'il fallait tout leur sang pour t'y faire une voie. Aime Othon, si tu peux t'en faire un sûr appui; -Mais, s'il en est besoin, aime-toi plus que loi, Et sans f inquiéter où fondra la tempête,

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