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SUR HKRACLIUS 39

D'avoir mis à tes pieds ma coui* qui t'adorait ! Rends-moi mon tils, ingrate.

��Il m'en désavouerait ; Et ce fils, quel qu'il soit, que tu ne peux connaitre, A le cœur assez Ijou |)our ne pas vouloir l'être. Admire sa vertu (|ui tiouble ton repos. C'est du tils d'un tyran que j'ai fait ce liéros; Tant ce qu'il a reçu d'heureuse nourriture Dompte ce mauvais sang qu'il eut de la nature! C'est assez dignement répoudre à tes bienfaits Que d'avoir dégagé ton tils de tes forfaits. Séduit par ton exemple et par sa complaisance, Il t'aurait ressemblé s'il eût su sa naissance : Il serait lâche, impie, inhumain comme toi ! Et tu me dois ainsi plus que je ne te doi.

Cette scène fameuse se passe de commentaires; mais observons que Corneille eu gâte un peu l'effet eu lafaisaut suivre d'une autre scène plus froide et assez inutile. En ce moment critique, que nous fait l'opinion de Léontine sur Exupère et sa trahison ? tjue nous fout les efforts d'Exupère pour lui persuader qu'il trahit Phocas, et non Héraclius ? Elle le verra bien, et les actes seuls la convaincront. Cet Exupère manque de la première qualité du traître, la discrétion silencieuse.

Acte V. — I.es stances d'Héraclius dans sa prison ne sont pas assurément comparables à celles de Polyeucte. Toutefois un vrai combat se livre aussi au fond de sou àme. 11 hait Phocas, il le veut, il le doit ; mais l'alfection que Phocas lui témoigne l'émeut malgré lui.

Ce fier tyran qui me caresse Montre pour moi tant de tendresse, Que mon cœur s'en laisse alarmer : Lorsqu'il me prie et me conjure, Son amitié paraît si pure. Que je ne saurais présumer Si c'est par instinct de nature. Ou par coutume de m'aimer.

Dans cette croyance incertaine, J'ai pour lui des transports de haine Que je ne conserve pas bien : Cette grâce qu'il veut me faire Etonne et trouble ma colère ; , Et je n'ose résoudre rien

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