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S04 ETUDE

Et l'autre eu trébuchant l'ensevelir sous lui.

"Vos devins vous l'ont dit; n'y mettez point d'obstacles,

Vous qui n'avez jamais douté de leurs oracles :

Soutenir un Etat chancelant et brisé,

C'est chercher par sa chute à se voir écrasé.

Appuyez donc la France, et laissez tomber Rome;

Aux grands ordres du Ciel prêtez ceux d'un grand homme :

D'un si bel avenir avouez vos devins,

Avancez les succès, et hâtez les destins.

��Oui, le Ciel, par le choix de ces gi'ands hyménées,

A mis entre vos mains le cours des destinées;

Mais s'il est glorieux. Seigneur, de le hâter,

Il l'est, et plus encor, de si bien l'arrêter,

Que la France, en dépit d'un infaillible augure,

N'aille qu'à pas traînants vers sa grandeur future

Et que l'aigle, accablé par ce destin nouveau,

Ne puisse trébucher que sur votre tombeau.

Serait-il gloire égale à celle de suspendre

Ce que ces deux Etats du Ciel doivent attendre,

Et de vous faire voir aux plus savants devins

Arbitre des succès et maître des destins?

J'ose vous dire plus. Tout ce qu'ils vous prédisent,

Avec pleine clarté dans le ciel ils le lisent ;

Mais vous assurent-ils que quelque astre jaloux

N'ait point mis plus d'un siècle entre l'effet et vous?

Ces éclatants retours que font les destinées

Sont assez rarement l'œuvre de peu d'années;

Et ce qu'on vous prédit touchant ces deux Etats

Peut être un avenir qui ne vous touche pas.

Cependant regardez ce qu'est encor l'Empire :

Il chancelle, if se brise, et chacun le déchire;

De ses entrailles même il produit les tyrans;

Mais il peut encor plus que tous ses conquérants.

Le moindre souvenir des champs catalauniques

Eu peut mettre à vos yeux des preuves trop publiques :

Siugibar, Gondebaut, Méroûée, et Thierri,

Là, sans Aétius, tous quatre auraient péri.

Les Romains tirent seuls cette grande journée :

Unissez-les à vous par un digne hyménée.

Puisque déjà sans eux vous pouvez presque tout,

Il n'est rien dont par eux vous ne veniez à bout.

Quand de ces nouveaux rois ils vous auront fait maître.

Vous verrez à loisir de qui vous voudrez l'être,

Et résoudrez vous seul avec tranquillité

Si vous leur souffrirez encor l'égalité.

��L'Empire, je l'avoue, est encor quelque chose; Mais nous ne sommes plus au temps de Théodose;

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