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SUR TITE ET BERENICE 513

Mais Tite, tout à l'heure encore si asservi à sa passion, si lâ- chement disposé à tout quitter pour elle, s'est ressaisi; il a vu clairement son devoir.

TrrE.

J'aurai peine à bannir la reine de ma vue.

Par quels ordres, grands Dieux! est-elle revenue?

Je soulfrais, mais enfin je vivais sans la voir;

J'allais...

DOMITUN.

N'avez-vous pas un absolu pouvoir, Seigneur ?

TITE.

Oui ; mais j'en suis comptable à tout le monde : Comme dépositaire, il faut que j'en réponde. Un monarque a souvent des lois à s'imposer; Et qui veut pouvoir tout ne doit pas tout oser.

Pourquoi faut-il qu'il retombe presque aussitôt de cette hauteur, (|u'il se laisse prendre aux petits artifices de Douiitiau, dont l'in- térêt trop visible est d'exciter sa jalousie, qu'enfin il veuille tou- jours revoir Bérénice sans vouloir jamais prendre une résolution ?

FL-WIAN.

Quel fruit espérez-vous de tout son entretien?

TITE.

L'en aimer davantage et ne résoudre rien.

FLAVIAN.

L'irrésolution doit-elle être éternelle?...

TITE.

Les yeux de Bérénice inspirent des avis

Qui persuadent mieux que tout ce que tu dis.

Son excuse, c'est qu'il sait à quel point l'amour de Bérénice est désintéressé.

Bérénice aime Tite, et non pas l'Empereur; Elle eu veut à mon cœur, et non pas à l'Empire.

Mais lui-même il avoue qu'il met << trop au jour » une passion qui combat son devoir. Trait curieux et bien cornélien, c'est Bé- rénice qui lui rappelle ce devoir trop oublié. Reine plus encore

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