Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/559

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SUR TlTE ET BERENICE 547

Un refus généreux de tant de déférence Contre tous ces périls nous met en assurance.

VITE.

Le Ciel de ces périls saura trop nous garder.

BÉRÉNICE.

Je les vois de trop prés pour vous y hasarder.

irre. Quand Rome vous appelle à la grandeur suprême...

BÉRÉNICE.

Jamais un tendre amour n'expose ce qu'il aime.

TITE.

Mais, Madame, tout cède; et nos vœux exaucés...

BÉRÉNICE.

Votre cœur e?t à moi. j'y règne; c'est assez.

TITE.

.Malgré les vœux publics refuser d'être heureuse, C'est plus craindre qu'aimer.

BÉRÉNICE.

La crainte est amoureuse. Ne me renvoyez pas, mais laissez-moi partir. Ma gloire ne peut croître, et peut se dcmcutir. Elle passe aujourd'hui celle du plus grand homme. Puisque enfin je triomphe et dans Rome et de Rome : J'y vois à mes genoux le peuple et le Sénat; Plus j'y craignais de honte, et plus j'y prends d'éclat; J'y tremblais sous sa haine, et la laisse impuissante ; J'y rentrais exilée, et j'en sors triomphante.

Piqué d'émulation, Tite à son tour déclare que le noble refus de Bérénice « n'enrichira personne », et il cède Domitie à Domi- tian, qui sera son héritier seul. Domitian est heureux, puisqu'il a Domitie; mais Domitie, qui n'est point là, se contentera-t-elle à si peu de frais?

Malgré la complication d<' cette double intrigue, la pièce de Cor- neille peut se résumer eu quelques mots.

Acte I. — Domitie, fille de Corbulon, aime Domitian, frère de Tite, mais consent à épouser Tite , parce qu'il est empereur. Tite feint, par politique, d'aimer Domitie, mais n'aime au fond que Bérénice al)sente.

�� �