Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/573

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SUft PSYCHÉ 56!

J'ai les mêmes chagrins ; et dans ces lieux charmants

Tout ce qui vous déplaît me blesse; Tout ce que vous prenez pour uu mortel affront,

Comme vous, m'accable et me laisse L'amertume dans l'àme et la rougeur au front...

��N'en parlons plus, ma sœur, nous en mourrions d'ennui :

Songeons plutôt à la vengeance ; Et trouvons le moyen de rompre entre elle et lui Cette adorable intelligence.

Leurs perfides insinuations empoisonnent le bonheur naïf de Psyché. Qu'est-ce que cet amant mystérieux?

Nous ne nous alarmons que pour votre intérêt. En vain tout nous y rit, en vain tout nous y plaît; Le véritable amour ne fait point de réserve ;

Et qui s'obstine à se cacher Sent quelque chose en soi qu'on lui peut reprocher.

Si cet amant devient volage. Car souvent en amour le change est assez doux,

Et, j'ose le dire entre nous. Pour grand que soit l'éclat dont brille ce visage, 11 est peut-être ailleurs d'aussi belles que vous... Que sait-on si déjà les nœuds de l'hyménée...

Psyché n'y avait point songé. Troublée jusqu'au fond du cœur, elle se promet d'éclaircir le mystère, et ses sœurs la quittent avec leur sourire hypocrite :

Notre amitié ne veut que votre bien.

Dans une scène bien délicate, elle arrache son secret à l'Amour. Le mystérieux amant se plaint de voir un triste nuage offusquer l'éclat de ses yeux. Regrette-t-elle ses sœurs? Quand on aime, peut- on songer à des parents? Non, mais elle n'ose lui avouer la cause de son chagrin. 11 la presse; elle avoue enfin qu'elle voudrait savoir qui elle aime. L'Amour pâlit : cettte révélation les perdra tous deux. Mais elle insiste, curieuse, émue, déjà presque irritée.

��Eh bien, je suis le Dieu le plus puissant des Dieux,

Absolu sur la terre, absolu dans les cieux;

Pans les eaux, dans les airs, mon pouvoir est suprême

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