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566 ETUDE

plus tard fut représentée, dès jauvier 1671, six mois avant d'être jouée au Palais-Royal. Cette salle, dont l'abbé de Pure donne une description minutieuse *, ne servit plus pendant tout le règne de Louis XIV.

Sept ans après, en 1678, Thomas Corneille donnait, sous la forme de l'opéra, cette fois, et de concert avec LuUi, une Psyché très libi'ement imitée de la Psyché fraternelle. Seuls le prologue et les intermèdes y étaient conservés, et l'on sait que Pierre Corneille n'y était pour rien. On a donné divers motifs de cette tentative, au moins singulière. « Despréaux et Racine, quiavaieilt fait tous leurs efforts pour décrier Quinault, engagèrent Thomas Corneille à com- poser des opéras, afin de supplanter leur ennemi. Corneille se laissa persuader, mais il ne réussit point. Pierre Corneille, sou frère, avait aussi voulu s'essayer dans le même genre, et n'avait pas eu un plus grand succès 2. » En ce qui concerne Pierre Cor- neille tout au moins, ce jugement est contestable. La vérité, c'est que, pendant un temps, au lendemain de l'opéra d'Atys, Qui- nault sembla en disgrâce à la cour, et que LuUi dut chercher un autre poète. Il s'adressa d'abord à La Fontame, qu'il abandonna bientôt, et qui se vengea 3; puis à Thomas Corneille, qui écrivit pour lui, non seulement Psyché, mais Bellérophon. Peut-être Fon- tenelle, comme il s'en vante, avait-il eu une grande part à ces deux opéras; mais il paraît probable que, du vivant de son frère, Thomas n'aurait pas osé remettre Psyché à la scène, si le succès de la Psyché de 1671 n'eût été oublié, et si le succès de la sienne eût pu réveiller un souvenir péuible.

D'ailleurs, c'est la première Psyché qui survécut. En 1703, elle fut reprise avec grand éclat. Le prix des places fut doublé, si bien que, le 10 juillet 1703, la représentation à laquelle assistèrent le duc et la duchesse de Bourgogne rapporta ti'ois mille cinq cent soixante-dix-neuf livres neuf sous ^, chiffre rare en un temps où la moyenne de la recette n'atteignait pas le plus souvent mille livres.

1. On trouvera cette description au tome VII du Corneille-Régnier.

2. Anecdotes dramatiques, t. III.

3. Il écrivit le Florentin, cette piquante satire, ou se trouvent les seuls vers méchants que le bonhomme ait écrits.

4. Despois, le Théâtre sous Louis XIV. Pour tous les autres détails relatifs à Psyché, on consultera utilement, avec la Bibliographie cornélienne de M. Picot^ l'eicellan'e édition de Molière donnée par M. Mesnard dans la collection des Grands Ecrivains,

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