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qu'ils aiuièreut mieux rendi'e l'argeut que de jouer la pièce'. >• Guériu d'Étriché ne mourut pourtant qu'en 1728, à Tàge de quatre-viugt-douze ans.

La curieuse statistique donnée par M. Despois ^ prouve que le suc- cès à'HéracUiis au théâtre ne s'est guère ralenti que de notre temps. Elle donne, eu effet, pour le règne de Louis XIV, à partir de 1680, 64 représentations, dont 4 à la cour ; pour le règne de Louis XV, l."j4 représentations, dont 17 à la cour; pour celui de Louis XVI, 24, dont G à la cour ; de la Révolution à la Restauration. 47, dont 2 à la cour ; sous la Restauration, 13 à la ville ; sous Louis-Phi- lippe et la seconde République, aucune ; sous le second Empire, •3 à la ville. Oji le voit, c'est à partir de 1830 que le drame corné- lien a été moins goûté.

A roccasiou de la reprise de 1724, un trop fécond écrivain, qui avait ouvert « une manufacture 3 » de produits poétiques, l'abbé Pellogrin. adressa au Mercure deux lettres consécutives, où il prétendait établir que Corneille avait imité de fort près une pièce de Calderon, intitulée : En esta vida todo es verdad y todo mentira (En cette vie tout est vérité et tout mensonge). U n'apportait au- cune preuve à l'appui de son assertion; mais il ne craignait pas de soutenir que l'infériorité visible de la pièce espagnole démontrait son antériorité : « Ce tissu de puérilités dont la pièce espagnole • est remplie sont des preuves manifestes de sa priorité en ordre de date. Il n'est pas vraisemblable que Calderon eût dénaturé de la sorte un sujet aussi beau, s'il avait eu devant les yeux l'ouvrage de notre poète français. » Contredite par le P. Tournemine et par les frères Parfaict, cette étrange hypothèse a été reprise et déve- loppée par Voltaire, dont nous avons cité l'appréciation si injuste. Rien n'est plus surprenant que la légèreté de Voltaire en matière si délicate : pour le seul plaisir d'opposer Calderon à Corneille, il accumule les grossiers contre-sens, sollicite les savants espagnols d'entrer en guerre contre le poète français, mêle, grossit, inter- prète, dénature les témoignages, afiirme hautement, dans telle lettre au secrétaire de l'Académie '*, une date que, dans telle autre lettre particulière, il avoue ne pas connaître.

Or la date à laquelle a été publiée la pièce espagnole n'est pas

1. LeiiMzurier, Galerie des acteurs du théâtre français.

2. Voyez le tome VIII du Racine Je la colU'ction Régnier.

3. Anecdotes dramatiques, t. III.

4. Lettre! à Diulos, 23 avril 17G2.

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