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PULCIIERIE

COMÉDIE héroïque'

(1672)

��Un des anciens adversaires de Corneille, devenu son plus fer- vent apologiste, Donneaii de Visé, déclarait que Pulchérie '< ne peut manquer de plaire à ceux qui ont le cœur et l'esprit bien faits 2 ». L'arrêt, prononcé sur ce ton catégorique, est de ceux qu'on hésite à braver. Tenons-nous donc sur nos gardes.

Et d'abord, à cette date de 1672, tous les hommes d'esprit et de cœur applaudirent-ils à Pulchérie? Le doute est permis, car l'année de Pulchérie est aussi l'année de Bajazet. Au fond de l'enthou- siasme un peu factice de quelques-uns ne devine-t-ou pas l'intention secrète d'irriter Racine et ses trop chaleureux admirateurs? « On ne peut guère, dit M. Despois ». expliquer que par le désir de ne pas contrister la vieillesse d'un grand poète le succès que, selon la Gazette, aurait eu devant Leurs .Majestés, en 1673, «la belle Pî^/- chérie, du sieur Corneille l'aîné, représentée par la troupe des co- médiens du Marais, dont toute la cour fut merveilleusement sa- tisfaite ». Cette satisfaction de la cour prouve du moins que la pièce n'était point tombée tout d'abord, et que le poète comptait ses amis les plus ardents dans les rangs les plus élevés. Avant d'avoir été représentée, la tragédie nouvelle avait été lue par Corneille chez La Rochefoucauld et chez le cardinal de Retz*, devant un cercle de délicats, qui dans le théâtre tout politique du vieux poète aimaient surtout sans doute le souvenir de leur jeunesse fron- deuse. C'était un ami de Corneille aussi, ce gazetier Robinet, qui voyait dans Pulchérie un pur chef-d'œuvre, dans son auteur un poète qui « tire l'échelle après lui ».

1. A Paris, chez Guillaume de Luyne, 1673, in-i2.

2. Mei-on-p garant, 10 mars 1672.

3. Le Thàtrp français sous Louis XI V.

4. M"» de Scvigné, lettres du 15 janvier et du 9 mars 1672.

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