Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

iii’st-il pas nécessaire de faire expliquer par les vers du poème les ciiangemeuf s de la décoration ? Le bon abbé, on le voit, croit que le poème est l’essentiel, et les machines l’accessoire. Déjà les contem- porains étalent d’un autre avis. Dans le compte rendu enthousiaste que la Gazette donne de la représentation (ÏAnd on/cdf, sur quels détails insiste-t-ou de préférence? Sur l’apparition d’Éole et la tem- pête qu’il déchaîne : « Les spectateurs, quoiqu’ils sachent bien que ce ne sont que des terreurs feintes par l’invention du machiniste, ne sauraient néanmoins s’empêcher d’en avoir autant d’épouvante que d’admiration ; » — sur les tours et dJtours que fait en l’air le char de Junon, à droite et à gauche, en avant et eu arrière ; — sur l’apo- théose finale, dont la seule vue » fait mépriser aux spectateurs ra- vis tout ce qu’ils ont vu dans les précédents actes * », si bien que, la toile baissée, il semble c[u’on sorte d’iui rêve.

Dès le prologue, on commençait d’être ébloui. » L’ouverture du théâtre présente de front aux yeux des spectateurs une vaste montagne dont les sommets inégaux, s’élevaut les uns sur les autres, portent le faite juscfue dans les nues. Le pied de cette montagne est percé à jour par uuc grotte profonde qui laisse voir la mer en éloignement. Les deux coté’s du théâtre sont occupi’s par une forêt d’arbres touffus et entrelacés les uns dans les autres. Sur un des sommets de la montagne paraît Melpomène, la muse de la tragédie ; et à l’opposite dans le ciel, on voit le Soleil s’avancer dans un char tout lumineux, tiré par les quatre chevaux qu’Ovide lui donne. » Melpomène s’adresse au Soleil :

Arrête un peu ta course impétueuse :
Mou théâtre, Soleil, mérite bien tes yeux;
Tu n’en vis jamais en ces lieux
La pompe plus majestueuse :
J’ai réuni, pour la faire admirer.
Tout ce qu’ont de plus beau la France et l’Italie;
De tous leurs arts mes sœurs l’ont embellie.
Prête-moi tes rayons pour la mieux éclairer.

Le Soleil ne peut s’arrêter, mais il fera bientôt ce miracle pour éclairer la première victoire du jeune roi : ■

Calliopo. ta sœur, déjà d’un œil avide
Cherche dans l’avenir les faits de ce grand roi.

1. Extraordinaire de la Gazette de 1650, cité par M. Marty-Laveaux.