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PROCÈS

le délit de provocation à la désobéissance aux lois, dans des passages tels que ceux-ci : « Du jour fatal


    tion qu’un pouvoir qu’ils exerçaient auparavant ? Soumettez-vous de bonne grâce, et renoncez à ces jeux d’enfans, qui, devenus frivoles, ne sont pour vous qu’un avilissement de plus.
    Cet état étant le pire où l’on puisse tomber, n’a qu’un avantage ; c’est qu’il ne saurait changer qu’en mieux. C’est l’unique ressource des maux extrêmes ; mais cette ressource est toujours grande, quand des hommes de sens et de cœur la sentent et savent s’en prévaloir. Que la certitude de ne pouvoir tomber plus bas que vous n’êtes doit vous rendre ferme dans vos démarches ! mais soyez sûrs que vous ne sortirez point de l’abîme tant que vous serez divisés, tant que les uns voudront agir et les autres rester tranquilles.
    Quand l’excès de la tyrannie met celui qui la souffre au-dessus des lois, encore faut-il que ce qu’il tente pour la détruire lui laisse quelque espoir d’y réussir. Voudrait-on vous réduire à cette extrémité ? je ne puis le croire ; et quand vous y seriez, je pense encore moins qu’aucune voie de fait pût jamais vous en tirer. Dans votre position, toute fausse démarche est fatale, tout ce qui vous induit à la faire est un piège ; et, fussiez-vous un instant les maîtres, en moins de quinze jours vous seriez écrasés pour jamais. Quoi que fassent vos magistrats, quoi que dise l’auteur des lettres, les moyens violens ne conviennent point à la cause juste : sans croire qu’on veuille vous forcer à les prendre, je crois qu’on vous les verrait prendre avec plaisir ; et je crois qu’on ne doit pas vous faire envisager comme une ressource ce qui ne peut que vous ôter toutes les autres. La justice et les lois sont pour vous. Ces appuis, je le sais, sont bien faibles contre le crédit et l’intrigue ; mais ils sont les seuls qui vous restent ; tenez-vous-y jusqu’à la fin.