Aller au contenu

Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— M. de Voisenon, auteur d’une comédie très-ingénieuse intitulée la Coquette fixée, vient de publier un traité maussade sur les passions[1]. Son essai n’est ni pensé, ni peint, ni écrit. Ce livre tombe des mains, car il en est de la morale comme des vers : il faut qu’elle soit excellente pour n’être pas ennuyeuse.

— Pesselier, connu par deux comédies assez froides, vient de publier un recueil de fables[2]. Cet auteur n’a ni la naïveté de La Fontaine, ni l’esprit de La Motte, ni le bon sens de Richer, qui ont travaillé dans le même genre. Je ne connais point d’ouvrage qui été plus mal reçu, ni auquel on ait rendu plus de justice.

— M. Le Batteux, professeur de rhétorique dans l’Université de Paris, a publié, il y a environ deux ans, un ouvrage intitulé les Beaux-Arts réduits à un même principe[3]. Cet ouvrage réussit mieux, ce semble, qu’il ne méritait. Je le trouve vide, uniforme et superficiel, mais il est bien fondu et bien écrit. Le même auteur vient de donner le commencement d’un cours de Belles-Lettres pour les jeunes gens. Son projet est de parcourir tous les genres de littérature, d’en donner des notions justes, de faire connaître les auteurs qui y ont excellé, d’en discuter les principaux ouvrages. Tout cela est exécuté avec netteté, avec ordre, avec goût, avec précision. Il me semble qu’il manque peu de choses à ce livre pour en faire un des ouvrages les plus utiles qu’on puisse mettre entre les mains des jeunes gens.

— M. Deslandes, commissaire de marine, un de nos auteurs les plus célèbres, vient de publier un Essai sur la marine des anciens[4]. Comme c’est la première fois que j’ai occasion de vous parler de cet écrivain, vous serez peut-être bien aise que je vous dise quelque chose de ses ouvrages. Il débuta dans la carrière du bel esprit par l’Histoire des grands hommes morts en plaisantant. Cet ouvrage devait partir d’un esprit aisé, d’une

  1. Le manuscrit porte Montenault ; mais Voisenon a toujours été considéré comme l’auteur de la Coquette fixée, réimprimée au tome Ier de ses Œuvres (1781, 5 vol. in-8) ; Raynal a certainement confondu le spirituel abbé avec Montenault, d’Aix en Provence, auteur des Essais sur les passions et les caractères. La Haye, 1748, 2 vol. in-l2.
  2. Fables nouvelles en vers par P… Paris 1748, in-8.
  3. Paris, 1746, in-8.
  4. Paris, 1748, in-8.