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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/148

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suivante à son confrère. Vous en sentirez la force quand vous saurez que la Bastille est le lieu où nous enfermons les méchants, et Charenton la retraite des fous :


Pour l’éloge qu’a dicté
La folie ou la malice,
Quel sort faut-il que subisse
L’auteur tant de fois noté ?
La Bastille par justice ;
Charenton par charité.

— Robé, poëte licencieux, qui commence à entrer dans la grande vogue, vient d’adresser une épître un peu diffuse, mais agréable, à son perruquier. Les Bérulliens dont il parle sont les membres de la savante congrégation de l’Oratoire, dans laquelle il n’est pas permis de porter des perruques. Vous connaissez déjà l’abbé Le Blanc, l’homme le plus effronté de l’Europe, et qui fait les honneurs de la pièce que je vous envoie :


Illustre émule des Ringard,
Qui sans rien tenir sais promettre,
Daigne honorer de tes regards
Cette humble et suppliante lettre.
Toi dont le rasoir géomètre
Compasse sur des fronts bénis
Du saint cercle le diamètre ;
Brave étuviste, à qui Denis
Sans crainte aurait osé commettre
Le menton qu’à son propre fils
Le tyran n’osait compromettre :
Toi qui, seul, aurais pu remettre
En grâce ceux de ton état
Avec Julien l’Apostat,
Qui jadis les chassa de Rome :
Cher La Font, qui, vraiment grand homme,
Dans ton art, à de faux cheveux
Sais donner le tour que tu veux,
Toi dont l’habile ministère,
À chaque chef par toi coté
Conserve son vrai caractère :
Au magistrat la gravité,
La suffisance au petit-maître,
Un tour de cagotisme au prêtre,