Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/148

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doute occasion à M. Favart de faire une nouvelle Fête du château, qui nous reviendra si la disette sur nos théâtres subsiste.

— Puisque M. Favart a eu le malheur de nous rappeler M. Poinsinet, il faut dire que celui-ci a aussi fait imprimer une espèce de divertissement théâtral, représenté à Dijon à l’occasion de l’arrivée de M. le prince de Condé, pour tenir les états de Bourgogne. Ce divertissement est intitulé le Choix des Dieux, ou les Fêtes de Bourgogne. Vous y trouverez les dieux de la Grèce, les Muses et les Grâces, travestis en paysans bourguignons. Il fallait appeler cette pièce : Poinsinet, toujours Poinsinet.

— On a imprimé un Essai théorique et pratique sur les maladies des nerfs, écrit de soixante-dix pages in-12[1]. Je crois, d’après de grandes autorités, les vomitifs et les purgatifs très‑nuisibles dans les affections nerveuses ; ainsi un malade ferait assez mal de se fier à l’auteur de cet Essai. Au reste, nous avons ici depuis peu M. Pomme, soi-disant médecin d’Arles, et qui prétend guérir toutes les femmes de Paris de leurs vapeurs ; il en a déjà des plus qualifiées sous sa direction, et il ne tardera pas sûrement à avoir de la vogue. Ce métier est excellent : on n’y risque rien, et l’on ne peut manquer de s’y enrichir ; il ne s’agit que du plus ou du moins de fortune, suivant qu’on est bon ou méchant menteur. Le célèbre Printemps, soldat aux gardes-françaises, eut la plus grande vogue il y a quelques années : il donnait à tous ses malades une tisane qui n’était autre chose qu’une décoction de foin dans de l’eau ; il prenait ses malades pour des bêtes, et il n’avait pas tort. Bientôt cette décoction le mit en état de donner de bon fourrage sec à deux chevaux, qu’il mit devant un-bon carrosse dans lequel il allait voir ses malades, tandis que maint docteur régent de la Faculté faisait sa tournée à pied et dans la boue. Aussi la Faculté présenta-t-elle requête à M. le maréchal de Biron pour obliger Printemps de mettre équipage bas et de réserver tout le foin à ses malades.

— Nous devons à la plume intarissable de l’illustre patriarche de Ferney un Commentaire sur le livre des Délits et des Peines, par un avocat de province. C’est une brochure in-8° de cent vingt pages, qu’on ne trouve pas à Paris. On voit

  1. Par Milhard, ex-jésuite. (B.)