Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/216

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quoi qu’on en puisse dire, n’intéressait certainement pas le genre humain. Quant à M. de Voltaire, on peut dire qu’il sait très-bien assigner les différents départements de ses affaires diverses. M. d’Argental et compagnie ont le département dramatique ; d’autres, le département philosophique, et l’illustre Ximenès, éditeur de ces Notes, le département des vilenies : car voilà déjà deux ou trois fois qu’il nous fait des présents de la part de M. de Voltaire, que ses vrais amis sont bien affligés de voir paraître. Ces Notes finissent par un désavœu formel de M. de Voltaire, de la Lettre à Jean-Jacques Pansophe ; désavœu tout aussi inutile que la plupart des autres pièces de ce triste et absurde procès.

— Le graveur Lemire et Basan, marchand d’estampes, proposent au public, par souscription, les Métamorphoses d’Ovide, représentées en une suite de cent quarante estampes in-4o, dédiées à M. le duc de Chartres. La souscription sera ouverte jusqu’au mois de juillet prochain. Les souscripteurs payeront, en quatre termes différents, quatre louis ; il seront fournis pour le choix des épreuves suivant l’ordre du tableau, en sorte que les premiers en date auront les premières épreuves. Ceux qui n’auront pas souscrit payeront cinq louis, et n’auront d’épreuves que celles qui resteront après la fourniture des souscripteurs. Quant au texte, on lira l’original d’un côté et la traduction française de l’abbé Bannier de l’autre. Voilà qui s’annonce fort bien : or je dis que cela ne sera pas bien[1]. Toutes ces entreprises n’ont jamais répondu à l’attente des amateurs. En dernier lieu, M. Fessard les a encore attrapés avec les Fables de La Fontaine, indignement exécutées par ce graveur. Ce que je sais, c’est que dans toute cette foule immense de dessins et de gravures qu’on a faits pour orner différents ouvrages de poésie et d’imagination, il ne s’en trouve pas un seul qu’un amateur voulût avoir dans son cabinet ou dans son portefeuille. Ces entreprises, bien loin même de tourner au profit de l’art, en hâtent la décadence, et ne doivent pas être encouragées. Il reste à ceux de nos graveurs dont le burin mérite quelque estime

    établit d’une façon positive la part prise par Voltaire aux Lettres sur la Nouvelle Héloïse, mais ne parle point de la Lettre à M. Hume.

  1. Ce livre vaut aujourd’hui de 400 à 500 francs relié en veau, et de 800 à 1,000 francs relié en maroquin.