Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/244

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il fallait expliquer là toutes les pièces mystérieuses qui avaient servi aux incidents dans le cours de l’histoire ; mais l’auteur n’a pas jugé à propos de se donner cette peine. C’est l’infatigable M. Eidous qui à traduit ce roman avec sa correction et son élégance ordinaires. Dans la préface, M. de Voltaire est assez maltraité au sujet de ce qu’il a écrit, il y a quelques années, assez mal à propos, pour déprimer Shakespeare. Je hais ces disputes nationales, dont la sottise se mêle presque toujours, même entre les plus grands esprits, et où aucun parti n’est ni équitable, ni de bonne foi. Quant à la question, si le mélange de tragique et de comique dans la même pièce est contraire au bon goût, un bon critique ne se hasardera pas à la décider légèrement. Il est certain que si les princes et les personnes d’une condition élevée traitent les affaires sérieuses, les événements intéressants et malheureux, d’un ton noble et pathétique, le ton des subalternes est bien différent, et l’on ne parle pas dans les antichambres des souverains comme dans leurs cabinets. Il est à remarquer aussi que la tragédie française est le seul drame existant qui ait adopté cette uniformité de ton qui lui a donné une uniformité de couleur très-insipide et souvent fatigante. Mais ceci serait l’affaire d’une discussion beaucoup plus longue, et le sujet d’un chapitre très-intéressant.

M. de Forbonnais, auteur de plusieurs grands et petits ouvrages sur les finances et sur le commerce, vient de faire imprimer en Hollande des Principes et Observations économiques, deux volumes in-8o. Les Principes forment le premier volume ; dans le second, l’auteur fait ses Observations sur divers points du système de l’auteur du Tableau économique, qui à paru, il y a quelque temps, dans la Philosophie rurale[1]. Depuis que l’économie politique est devenue en France la science à la mode, il s’est formé une secte qui a voulu dominer dans cette partie. M. Quesnay, originairement chirurgien, puis médecin de Mme de Pompadour, et médecin consultant du roi, s’est fait chef de cette secte. Il s’est associé l’ami des hommes, M. le marquis de Mirabeau. M. Dupont, qui a fait pendant quelque temps la Gazette du commerce, et un certain chanoine régulier ou prémontré appelé Baudeau, prêtre fort indécent, auteur d’un

  1. Par le marquis de Mirabeau et Quesnay, 1763, in-4o ; 1764, 3 volumes in-12.