Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/256

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édition est, je crois, la vingt-sixième ou la vingt-septième : et cet ouvrage, qui fit d’abord peu de bruit, a eu depuis une vogue étonnante et a été traduit dans toutes les langues. Peu de livres méritent mieux leur succès que l’ouvrage de M. Tissot. On n’y trouve à la vérité rien de nouveau, rien qu’un médecin instruit ne sache ; mais le but de l’auteur était d’instruire le peuple, et surtout de le préserver d’un grand nombre d’idées fausses, de le guérir d’une foule d’erreurs et de préjugés qui ont des influences immédiates et fâcheuses sur la santé. Son livre, en détruisant l’erreur, a le grand mérite d’être fait sur d’excellents principes et de n’enseigner que du bon. C’est d’ailleurs l’ouvrage d’un si grand homme de bien, un livre si vraiment utile aux hommes et qu’on doit être si content d’avoir fait que, si l’on me donnait à choisir entre la gloire d’être l’auteur de la Henriade, ou la satisfaction d’avoir écrit cet Avis au peuple, vous me pardonneriez, je pense, de ne me pas décider sur-le-champ et d’y réfléchir mûrement avant de prendre un parti.

— On vient de traduire de l’anglais les Mémoires de James Graham, marquis de Montrose, contenant l’histoire de la rebellion de son temps. Deux volumes in-12. L’auteur de ces Mémoires est le docteur Wizard, qui les a d’abord composés en latin ; mais les derniers chapitres et le récit de la mort de Montrose sont d’une autre main. Si l’éditeur n’avait pas eu soin de le remarquer, on ne s’en serait pas aperçu. Ce docteur Wizard est plat et ennuyeux, et c’est dommage ; le marquis de Montrose méritait un meilleur historien : on lit sans aucun intérêt une histoire qui en comportait un très-grand. Tout le premier volume est rempli de détails militaires rapportés d’une manière insipide, et le second, où l’on trouve les revers et la fin tragique du héros, n’est pas plus intéressant que le premier. Montrose servit toute sa vie avec beaucoup de zèle la cause du malheureux Charles Ier, roi d’Angleterre. Son sort fut pareil à celui de son maître. Il perdit la tête sur un échafaud peu de temps après le supplice du roi, et après avoir couru inutilement dans le Nord, en Allemagne, en France et en Hollande, pour chercher des vengeurs à Charles Ier et des défenseurs à son fils Charles II. Montrose avait montré de grands talents pour la guerre en défendant la cause du roi en Écosse contre les covenantaires ; mais si la cause qu’il défendait était bonne, il faut convenir qu’il