Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/268

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à l’occasion de ce procès. L’auteur inconnu de cette brochure, malgré son excessive animosité contre M. de Voltaire, aura pourtant de la peine à se faire lire, parce qu’il est triste et plat comme il convient à un copiste. C’est encore un de ces avocats d’office, qui se sont emparés de cette cause aussi ennuyeuse que célèbre, qui ne disent aucun fait nouveau, n’en nient aucun, mais nous apprennent simplement comme il faut les voir.

— On nous a aussi envoyé de Hollande les Intérêts des nations de l’Europe, développés relativement au commerce. Ouvrage dédié à l’Impératrice de Russie. Quatre volumes in-12. Cet ouvrage est instructif et fondé sur de bons principes, mais qui sont aujourd’hui connus de tous ceux qui ont réfléchi sur ces matières. L’auteur s’appelle M. Accarias de Sérionne, si je ne me trompe. Il a été anciennement avocat, ensuite commerçant, ensuite banqueroutier, ce qui lui a fait quitter le royaume. Depuis, il a fait la Gazette du commerce à Bruxelles, et aujourd’hui il est retiré en Hollande. On vient de faire un petit extrait de son ouvrage dans une brochure intitulée l’Intérêt public. Cet extrait, qu’on dit de M. le marquis de Puységur, ne roule que sur deux objets. La première partie est destinée à montrer les véritables effets du taux de l’argent dans un pays, et à examiner s’il serait avantageux pour la France que l’intérêt de l’argent y fût à trois pour cent. L’auteur prouve assez bien que ce serait le moment de la décadence totale des manufactures. Dans la dernière partie on examine et l’on prouve la légitimité de l’intérêt de l’argent contre l’absurdité de nos lois, prises dans le code des lois romaines et, qui pis est, dans le code juif, deux codes diamétralement opposés à la législation d’un peuple commerçant.

— Il nous vient encore de Hollande un essai sur cette question : Quand et comment l’Amérique a-t-elle été peuplée d’hommes et d’animaux ? Par M. E. B. d’E…[1] ; cinq volumes in-12 fort ennuyeux. L’auteur, qui est Suisse, mais dont je ne sais pas le nom, se perd dans des discussions sans nombre. Moi, sans avoir besoin de tous ces raisonnements ennuyeux et de tout son mauvais style, je lui dirai bien comment l’Amérique a été peuplée. En deux mots : comme le reste. Ce mauvais

  1. Samuel Engel, bailli d’Echalens.