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AVRIL 1767.

Elle pensait comme Sophie.
Mais avec l’ardeur de Vénus
Elle a l’embonpoint de l’Envie.
Je cherche un sein, des globes nus,
Une cuisse bien arrondie,
Quelques attraits… soins superflus !
Avec une telle momie,
Si j’ai pourtant sacrifié
Au dieu qui de Paphos est maître,
Me voilà bien justifié,
Ou je ne pourrai jamais l’être.




AVRIL

1er avril 1767.

On a donné le 26 du mois passé, sur le théâtre de la Comédie-Française, la première représention de la tragédie des Scythes dont j’ai eu l’honneur de vous rendre compte. Cette pièce n’a point fait d’effet au théâtre, et il ne tiendrait qu’à nous d’appeler cela une chute ; mais il ne faut pas que M. de Voltaire tombe, et quand on est parvenu à l’âge de soixante-douze äns, surchargé de couronnes, et ayant fait à l’Europe entière le plus grand bien que jamais homme ait fait par ses écrits, on doit avoir acquis quelques droits à l’indulgence respectueuse de ses compatriotes.

Quoi qu’il en soit, voici comment les choses se passèrent. Le premier acte fit beaucoup de plaisir. Le second, un peu moins. Le troisième parut froid comme glace. Dans le quatrième, la scène entre Indatire et Athamare fut fort applaudie ; mais la mort d’Indatire, ainsi que la douleur des deux vieillards, fit très-peu d’effet, et plusieurs vers un peu familiers firent rire. Le cinquième acte aurait réussi sans les deux précédents ; mais en général l’effet fut peu considérable : il n’y eut point d’applaudissements à la fin, et les propos qu’on entendait dans les foyers et dans les corridors n’étaient point favorables à la pièce. Elle fut un peu mieux jouée et mieux reçue à la seconde repré-