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AVRIL 1767.

Chacun Tous lesLa santé
Chacun Tous lesDe Molé
Chacun Tous lesLes engage,
ChacunElles ont grand cœur à l’ouvrage.

ChacunPar un excès de vanité,
ChacunLa Clairon nous avait quitté ;
ChacunMais depuis ce temps elle enrage,
ChacunEt sent son inutilité.
ChacunComptant sur la frivolité,
ChacunElle recherche le suffrage
Chacun Tous lesDu plumet,
Chacun Tous lesDu valet :
Chacun Tous lesQuel courage
ChacunPour un aussi grand personnage !

ChacunLe goût dominant aujourd’hui
ChacunEst de se déclarer l’appui
ChacunDe toute la plus vile espèce
ChacunDont notre théâtre est rempli ;
ChacunPar de faux talents ébloui,
ChacunÀ les servir chacun s’empresse.
Chacun Tous lesLe faquin,
Chacun Tous lesLa catin
Chacun Tous lesIntéresse
ChacunBaronne, marquise et duchesse.

ChacunMolé, plus brillant que jamais,
ChacunDonne des soupers à grands frais,
ChacunPrend des carrosses de remise,
ChacunEntretient filles et valets.
ChacunLes femmes vident les goussets
ChacunMême des princes de l’Église[1].
Chacun Tous lesPour servir
Chacun Tous lesSon plaisir,
Chacun Tous lesSes sottises,
ChacunElles se mettraient en chemise.

ChacunAssignons par cette chanson
ChacunDe chacun la punition
ChacunQu’on doit donner à l’indécence :
ChacunD’abord, à Molé le bâton ;
ChacunEnsuite pour bonne raison,
ChacunComme une digne récompense

  1. Le prince Louis de Rohan, coadjuteur de Strasbourg, l’archevêque de Lyon,
    l’archevêque de Bourges, l’archevêque de Saint-Brieuc, ont souscrit pour la représentation de Molé. (Grimm.)