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JUILLET 1767.

noble est élu doge et chef de la république, tous ses parents perdent leurs charges.

Malheur à la nation dont les princes sont abandonnés dès leur enfance aux prêtres ambitieux et fanatiques ! Car, ne pouvant arrêter le progrès des lumières publiques, ils entreprendont d’aveugler celui qui devrait être le plus éclairé, et afin d’assurer leur domination ils ne négligeront rien pour le rendre ennemi de lui-même et de ses peuples.

Je finirai cet article comme l’auteur du Fragment des instructions, en disant que le reste du manuscrit manque ; et j’ajouterai qu’il pourra être retrouvé dans deux ou trois siècles, lorsqu’un souverain qui connaît la véritable gloire ne sera plus un phénomène en Europe ; lorsqu’on aura connu qu’il est de l’essence de l’homme d’être gouverné, et qu’il n’est pas besoin du passage amphibologique d’un tapissier fanatique devenu apôtre pour faire respecter l’autorité souveraine ; lorsqu’on aura appris la science de l’emploi des hommes et leur prix, et que l’on se sera convaincu que la nation la plus courageuse, la plus vertueuse, la plus généreuse, est aussi la plus facile à gouverner ; lorsque enfin le progrès lent et insensible de la raison aura détruit quelques milliers de préjugés destructeurs de la gloire et du bonheur de l’humanité.

— Le petit succès des Statuts de l’Opéra a fait faire les statuts que vous allez lire, et dont j’ignore l’auteur. Si ces statuts ont besoin de quelque commentaire, je ne manquerai pas de l’ajouter en marge.


STATUTS



de la comédie-française.


A tousNous, Le Kain, Bellecour, Molé,
A tousBrizard, Dauberval et Préville[1],
A tousTroupeau dans ce lieu rassemblé
tousPour amuser et la cour et la ville :
À tous les histrions ; à Bienfait, Nicolet,
A tousRestier, Gaudon et Taconet,

  1. Ces six acteurs forment, en vertu d’un règlement nouveau de MM. les premiers gentilshommes, un comité qui examine et reçoit les nouvelles pièces, et règle les principales affaires de la troupe sans la consulter. (Grimm.)