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OCTOBRE 1767.

de Dieu pour cela. Le goût de la bonne philosophie et de la bonne littérature a repris le dessus en France depuis une vingtaine d’années, et a fait oublier les pauvretés spirituelles de La Motte et consorts. Le recueil de ses œuvres, publié il y a dix ans, n’a fait aucune sensation. Le faiseur d’esprit a mis la vie de l’auteur à la tête de sa compilation.

— On vient de publier une rapsodie intitulée les Délassements champêtres, ou Mélanges d’un philosophe sérieux à Paris et badin à la campagne. Deux volumes in-12 assez forts[1]. Si votre loisir vous est cher, ne vous délassez pas avec ce philosophe badin, qui vous a déjà vendu ses platitudes sous différents titres.

— Ne vous délassez pas non plus avec Mme Le Prince de Beaumont, loueuse de magasins pour les jeunes personnes du sexe, et sans contredit une des plus insipides créatures qui existent. Elle vient de publier une Nouvelle Clarisse en deux volumes.

— Je marie Mme Le Prince de Beaumont à M. le marquis Caraccioli, auteur de la Conversation avec soi-même, et sans difficulté un des plus plats barbouilleurs de notre temps. Il a publié depuis peu deux volumes de Lettres récréatives et morales sur les mœurs du temps. Il nous menace d’en donner encore deux autres. Mme Le Prince et M. Caraccioli se feront par contrat de mariage un don mutuel de leurs œuvres à la décharge entière du public.

— Je crois que c’est à ce Caraccioli que le père P. Louis Viret, cordelier conventuel, a adressé sa Réponse à la Philosophie de l’histoire en forme de lettres. Volume in-12 de près de cinq cents pages. Réponds, réponds, mon ami. Ta masure devient si vieille que les étais que vous assemblez tout autour d’elle, toi, père Viret, et les gens de ton froc, ne serviront qu’à la faire écrouler plus vite. Vous ne savez pas, vous autres, que le raccommodage est ordinairement mortel à la vétusté.



  1. Par J.-H. Marchand, avocat.