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NOVEMBRE 1767.

heureux, puisqu’il le chante si insipidement et si ennuyeusement.

M. Blin de Sainmore a aussi fait réimprimer ses Héroïdes avec un luxe d’estampes et de vignettes. Ce qu’il y a de singulier, c’est que ces images, qui devraient dégoûter encore davantage d’une foule de productions médiocres, en favorisent prodigieusement le débit.

Histoire de l’origine et des progrès de la poésie dans les différents genres, par M. le docteur Brown. Traduite de l’anglais par M. Eidous, et augmentée de notes historiques et critiques. Volume grand in-8° de plus de trois cents pages. Cet ouvrage est estimé. Je ne suis pas l’auteur des lois prohibitives ; mais s’il y en avait une qui défendit à M. Eidous de traduire sous quelque prétexte que ce fut, j’en serais comblé. Ce détestable barbouilleur ne pourrait pas bien traduire quand même il voudrait s’en donner la peine ; mais il a encore à se reprocher de faire toutes ses traductions avec la dernière négligence. Il est impossible qu’on les lise, et elles empêchent cependant qu’on ne traduise mieux un ouvrage sorti des mains de cet indigne massacre, parce qu’il suffit qu’un livre soit traduit d’une manière quelconque pour qu’aucun libraire ne risque de se charger d’une nouvelle traduction.

Institutions Leibnitziennes, ou Précis de la monadologie[1]. Volume in-8° de deux cent trente pages. Ces Institutions peuvent servir d’introduction à la collection complète des œuvres de l’illustre Leibnitz, qu’un Anglais prépare à Turin. Elles sont en forme de lettres, et ces lettres sont d’un jeune officier qui dans ses voyages en Allemagne a fait connaissance avec des professeurs de quelques universités, et s’est fait expliquer le fameux système des monades. Il paraît que l’auteur a surtout puisé ses connaissances chez M. Ganz, professeur à Tubingen, et il ne pouvait mieux s’adresser, car ce M. Ganz est un des plus déterminés partisans du système et des rêveries du grand Leibnitz.

M. Beauzée, professeur de l’École royale militaire, est sans contredit le plus habile homme qu’il y ait à cette école, le plus estimé et le plus honnête. Il est aussi un de ceux qui ont

  1. Par l’abbé Sigorgne.