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NOVEMBRE 1767.

général, de lire et d’étudier cette grammaire de M. Beauzée. C’est lui qui a continué la partie grammaticale dans l’Encyclopédie, et son travail n’a pas paru inférieur à celui de M. Dumarsais ; ce qui est un assez bon éloge. M. Beauzée a repris tous ses articles, y a corrigé quelques erreurs, les a augmentés et liés par des morceaux nécessaires pour en faire un corps complet[1].

M. Genet, employé à Versailles dans les bureaux des affaires étrangères, vient de traduire de l’anglais un Mémoire sur l’administration des finances de l’Angleterre depuis la paix, ouvrage attribué à M. Grenville, ministre d’État chargé de ce département en 1763, 1764 et 1765. Traduction augmentée de notes, de sommaires, et d’une introduction qui contient une idée du revenu et des dettes de l’Angleterre et une analyse du mémoire suivie de l’état de la dette nationale au 5 Janvier 1767. Volume in-4°. M. Grenville passe pour le premier financier de la Grande-Bretagne. Ainsi son mémoire mérite la plus grande attention de ceux qui s’occupent de ces matières difficiles et compliquées. Tout ce que j’ai pu concevoir à travers les calculs de ce ministre, c’est que le fardeau de la dette nationale est effrayant, et qu’on en a amorti une bien petite portion depuis la conclusion de la paix. L’introduction que vous trouvez à la tête du mémoire est du traducteur, et vous la lirez avec plaisir.

— Si vous avez lu l’Histoire de Henri IV par M. de Bury, vous ne serez pas tenté de lire l’Histoire de la vie de Louis XIII, roi de France, que cet auteur vient de publier en quatre gros volumes in-12. M. de Bury est un petit polisson à qui Clio ne confiera certainement jamais sa trompette. Le talent de l’histoire, dont l’antiquité nous a laissé de si grands modèles, est, de tous les talents, le plus rare parmi les modernes ; et il y a une bonne raison pour cela. C’est que pour être historien, il faut avoir vieilli dans les affaires et dans l’exercice de l’éloquence ; et nous n’avons pas su réunir ces deux mérites depuis la renaissance des lettres.

— On nous a envoyé, cet été, de Liège, deux volumes de Mélanges qui n’en portent pas le titre, mais qui sont intéressants. Le premier est intitulé Mémoires de Henri-Charles de La

  1. Cet article est de M. Diderot (Grimm). — Il est inédit.