Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/97

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fallait le disputer à M. de Montamy de son vivant ; mais ce qu’il y a de fâcheux pour M. Guettard, c’est que personne n’a été surpris de son procédé. M. le comte de Lauraguais a lu à l’Académie des sciences des Observations sur le mémoire de M. Guettard, qui viennent d’être imprimées. Le beau procès ! Ce qu’il y a de plaisant, c’est que la porcelaine ne s’en trouve pas avancée d’un pas, et que ces messieurs sont à se disputer l’honneur d’une découverte qui jusqu’à présent n’est connue que d’eux seuls. Il y a apparence que, malgré tout le bruit que l’on fait de ce secret depuis si longtemps, il restera toujours invisible au public, à moins que des gens plus habiles et moins bruyants ne s’en mêlent.

M. le comte de Lauraguais ne combat pas seulement le docteur Guettard sur sa porcelaine, il attaque encore par des observations physiques le docteur Gatti sur ses principes d’inoculation, parce que celui-ci a oublié de le nommer parmi les partisans de cette pratique. M. Gatti peut être coupable d’un peu de légèreté et même de trop de scepticisme dans la pratique de son art ; mais c’est certainement un homme de beaucoup d’esprit et d’un excellent esprit. Je voudrais bien louer aussi M. le comte de Lauraguais, mais je crois que je rêve rais dix ans de suite sans trouver sur quoi.

— Je ne sais à qui nous devons les Principes naturels du droit et de la politique, en deux parties, petit in-12[1]. Cela m’a l’air d’être de quelque avocat. On nous donne cela pour un livre élémentaire, et je crois qu’on a raison si l’on a voulu nous enseigner les éléments du bavardage sur les sujets les plus importants à l’état de l’homme policé.

M. l’abbé Richard de Saint-Non vient de publier un ouvrage intitulé la Théorie des Songes, volume in-12 de plus de trois cents pages. Cette théorie est toute métaphysique. Quelques pages de bonne physique sur ce sujet me feraient plus de plaisir que tous les profonds raisonnements par lesquels l’auteur prouve, entre autres choses, que les songes ne sont pas un moyen de découvrir l’avenir. Il faut déférer M. l’abbé Richard à nos seigneurs de l’Assemblée du clergé, car enfin si les songes

  1. La première édition de ce livre de Louis Desbans est de Paris, 1715, in-12 : celle-ci avait été revue et augmentée par Dreux du Radier.