Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, tome 7.djvu/450

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

440 CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE

représenté ses facéties chez madame la Dauphine ; mais, à l’exception de beaucoup d’éloges, personne ne lui a rien donné : en revanche, on lui a fait perdre un temps précieux pour son talent et pour son état. Tout le parti qu’il a tiré de ses représentations en ville se réduit à un grand nombre de souscriptions pour la gravure de son tableau magique. Touzet n’a point d’esprit dans la société quand il n’est que lui. Cette pauvreté de tête lorsqu’il n’est pas en représentation, lui est commune avec tous ceux qui font le même métier, comme j’ai souvent eu occasion de le remarquer. Une autre remarque qui n'est pas moins générale, c’est que tous ceux qui font métier d’amuser et de faire rire les autres, sont eux-mêmes presque toujours d’un naturel triste et mélancolique.

MARS.

Paris, mars 1772

Lettre de Galiani à madame d'Epinay

Naples, du 9 mars 1771.

Anathème à ceux qui changeront votre table ! anathème à ceux qui toucheront à vos chaises ! Savez-vous ce que ce cruel retard de vos lettres me coûte ? Il me coûte des frayeurs mortelles. Je vous ai crue morte tout de bon : je n’ai pas eu un instant de repos dans l’âme, courant, cherchant, demandant à tout le monde s’il n’y avait pas eu quelque malheur signalé à Paris ; et tous m’ont répondu que le maréchal de Senneterre était décédé. Dieu veuille avoir son âme ! Mais vous, de grâce,