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IMPRESSIONS D’UN JAPONAIS

tinua-t-elle en se tournant de mon côté, — peut-être pourriez-vous me rendre le service de me prêter la somme qu’il me faut ?

— Très-volontiers ! répondis-je dans un premier mouvement de générosité !

Francœur me pinça à me faire crier ; je compris, mais il était trop tard ; la parole sortie de nos lèvres ressemble à l’oiseau parti de sa cage, vous avez beau le rappeler, il ne revient plus.

Il fallut donc m’exécuter ; je prêtai, ou, si vous voulez, j’abandonnai une dizaine de pièces d’or, qui s’engloutissaient ainsi dans un torrent.

Tout en réfléchissant que les insensés qui se laissent séduire par des femmes de la trempe de ma danseuse sont plus à plaindre que les pauvres diables dévalisés sur le grand chemin, — j’arrivai à la porte du théâtre, où ma brillante compagne se montra plus que jamais orgueilleuse de ses charmes et de ses parures.

Je la suivis dans une infinité de couloirs peu lumineux, et j’arrivai dans une petite salle nommée Foyer des artistes.

— Excellence, en demeurant deux heures ici, me dit mon guide, vous apprécierez mieux le monde théâtral que si vous assistiez pendant vingt ans aux représentations du répertoire ancien et moderne. En outre vous pourrez vous initier aux mystères de la littérature contemporaine. Chaque soir, les artistes un peu célè-