Page:Cortambert - Impressions d'un japonais en France, 1864.pdf/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que l’imagination peut rêver, tout ce que l’esprit peut inventer ; la beauté de notre climat vous surprendra ; pourtant, par esprit de prudence, ménagez-vous, sortez rarement le soir, jamais le matin, car il sévit dans nos parages des maladies de poitrine qui enlèvent les trois quarts des étrangers ; craignez les refroidissements et cette horde qu’on appelle les chevaliers d’industrie.

— Arrête ! lui dis-je, qu’appelle-t-on chevaliers d’industrie ?

— D’adroits filous !

Voilà, pensai-je en moi-même, un curieux sujet de réflexion. J’ai toujours cru que la chevalerie était un ordre d’élite. Comment se fait-il qu’en France l’industrie ait à sa tête une compagnie de vauriens ? Je m’y perdais.

Francœur continua :

— Notre nation est éminemment honorable, personne n’en doute ; néanmoins, tout compte fait, sur huit individus, il en est au moins un qui se ferait un scrupule, le cas échéant, de ne pas s’approprier votre bien ; ayez donc les yeux ouverts ; — les voleurs de profession sont rares, parce qu’en France les voleurs ont tous une profession avouable ; — l’air que nous respirons en est infesté ; — nous en trouvons en habit noir aussi bien qu’en blouse maculée de taches.

Si vous ne voulez pas être trompé, défiez-vous des