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« Tout près de là, la grosse dinde, sortie, je crois, de l’Allemagne, se gonflait et envoyait de lamentables glou-glou à la moindre agitation de la galerie. Ses petits criaient alors et menaçaient de s’échapper. La pauvre bête était au martyre. Les rats, toujours amateurs de maraude, attendaient le sommeil de la ménagerie pour faire leur coup, et les lézards, d’un pas incertain et timide, se répandaient alors dans la chambre. Enfin, parmi les hôtes du vieux maniaque, l’on voyait un jeune ours aux poils soyeux, mais au cou déjà pelé par le collier. Ce singulier personnage regardait philosophiquement ses compagnons, et ses yeux semblaient dire : « Mes bons amis, un beau jour je vous happerai. » Peut-être était-ce là, de notre part, une médisante interprétation, mais il t’en souvient, cher Tsoutsima, nous la fîmes pourtant ensemble.

« Tel était le spectacle que présentait en temps ordinaire la galerie du lettré Sikokou. Tu te demandes quel rapport il peut y avoir entre l’Europe et cette ménagerie ; de grâce, suis-moi et attends.

« Il prenait parfois à l’original docteur la diabolique fantaisie de déchaîner tous ses animaux et de les voir se livrer à des ébats désordonnés. Il voulut bien, un jour, me permettre d’assister à l’une de ces infernales scènes. Je me logeai dans un panier attaché au plafond, et, de là, à l’abri des horions, il me fut permis de tout voir.