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les voies de l’amour

pauvre petit campagnard timide et mal équarri. Ce n’est qu’à la dérobée, quand elles étaient distraites par un compagnon, que je risquais d’admirer leur profil. Aussi chercher à les dépeindre telles que je les entrevis les premiers jours serait quelque peu injuste, car je ne mettrais certainement pas dans mes portraits toute la flamme que je découvrais plus tard dans leurs yeux, toute la finesse de leurs traits, toute la délicatesse de leur bouche. Si l’on m’avait demandé alors de les peindre, je me serais contenté tout d’abord d’en esquisser les contours et les lignes principales. J’aurais commencé le tableau que j’aurais complété et retouché petit à petit jusqu’à ce que j’en eusse mis tout l’éclat de leur beauté. C’est ce que j’ai fait autrefois ; c’est ce que je veux faire aujourd’hui pour vous et quand je vous aurai achevé petit à petit ces portraits si beaux, vous me jugerez et vous me direz si vous n’auriez pas succombé comme moi devant la plastique parfaite et au contact constant d’une âme qui cherche une compagne, d’un cœur qui ne demande qu’à aimer, d’un esprit qui connaît toutes les roueries de l’amour et sait en user et en abuser. Oh ! j’ai résisté longtemps ; mais l’amour s’est insinué dans mon cœur lentement, très lentement comme le serpent qui se glisse sournoisement sous les arbrisseaux ou les herbes pour atteindre sa victime et lui injecter son venin. Le souvenir de mon Andrée, ses lettres, ses visites à Mont-